La bouilloire au bout de la piste, Mongolie

La bouilloire au bout de la piste, Mongolie

Chronique publiée dans A/R Magazine Voyageur numéro 30 – Hiver 2015-2016

Je suis très joueur et aime truffer mes circuits de chasses au trésor. Je réfléchissais dernièrement à un voyage original en Mongolie. Restait à trouver une bonne cachette au milieu de ce monde sans fin.

 Cavalier Mongol par Daniel Gorecki

Cavalier Mongol par Daniel Gorecki

Jour 1 : Cogitation. Aujourd’hui mon cerveau est en roue libre ! Penché sur une carte routière grande comme mon salon où figurent seulement deux routes, je cherche la réponse à la question qui me taraude  : comment proposer un road trip totalement indépendant en Mongolie sans guide, ni chauffeur ? Trois verres de lait plus tard, eurêka ! J’appelle une agence locale, prends mon balluchon et décolle pour Oulan-Bator avec un GPS. Je pars géolocaliser mon propre circuit et, cerise sur le yaourt, un « trésor ».

Jour 3 : Arrivée dans une capitale atypique et électrique. Le temps de trouver 4×4, guide et interprète, remplir les jerricans d’essence et le coffre de victuailles, nous voilà partis pour l’inconnu. J’ai déjà caché un manuscrit sous le sabot d’un cheval en Haute-Saône, ce n’est pas la steppe qui va me faire peur.

Jour 6 : Le régime alimentaire n’est pas varié : mouton matin midi et soir avec pâtes bouillies et vodka dans le même bol. Mais grâce aux sourires de mes compagnons, je fini par oublier mon cher Picard Surgelés.

Jour 9 : Déjà 2500 km parcourus. Soit 200 points GPS pour se repérer dans le désert. Rencontres surréalistes avec un yack albinos et un Mongol réparant sa Mobylette à plus de 200 km du premier village.

Jour 14 : Stop. Je descends du 4×4, fais un tour à 360° pour m’imprégner de cette immensité. Je trébuche sur une bouilloire sans âge qui dort là au milieu de la steppe. Voici l’Endroit. Je prends mon 259ème point et creuse un trou juste à côté pour enfouir mon trésor, un joli bol mongol … Séquence émotion. Allô Nicolas Hulot ?

Jour 16 : Enivré de bonheur et de lait de jument fermenté, je passe ma dernière nuit dans une yourte abritant trois générations, quatre agneaux, un poêle et une batterie Mercedes qui fait ronronner les séries télé chinoises. Mon guide se déshabille et me lance à la tête son deel, le grand manteau traditionnel. Dernière image de la journée, je m’endors.

Jour 17 : Réveil au milieu d’une famille hilare de me voir émerger affublé du deel. Je suis encore en vie et me marre. Une dernière virée à cheval dans la steppe, puis la piste en  4×4 sans regarder derrière. Bayartai à vous, courageux nomades et bonne chance à tous pour retrouver mon bol.

Olivier Caillaud est producteur de voyages d’aventure aux quatre coins du monde.

www.olivertrips.com

Laisser un commentaire

Votre adresse ne sera pas publiée.